Imaginez ceci : un ouvrier se précipite aux urgences, un clou de 15 centimètres transperçant sa chaussure. Il crie, souffre et on le comprend ! L’équipe médicale s’affaire, le sédate pour enlever le clou. Une fois l’opération effectuée, ils enlèvent la chaussure et là surprise ! Son pied est intact, le clou étant passé entre les orteils. Pourtant, il avait horriblement mal.
Autre scène, tout aussi improbable : un ouvrier utilisant un pistolet à clou se retrouve accidentellement avec un clou planté dans le visage, il est si fin qu’il ne le remarque même pas (ne me demandez pas comment cela est possible !) Pas de cri, pas de panique, peu de douleur. Il ressent juste une petite gêne, comme une dent sensible. Chez le dentiste, une radio révèle que le clou touche presque son cortex cérébral.
Deux histoires vraies relatées ici et ici, un clou, et des ressentis diamétralement opposées. Elles montrent que la douleur est un phénomène complexe qui se nourrit de nos émotions, de nos pensées, et même de nos croyances. Ces récits m’ont donné envie de vous parler des multi-facettes de la douleur, de ce qui influence nos ressentis et, surtout, de la façon dont l’hypnose peut être ce baume réconfortant pour diminuer la douleur, la transformer, et retrouver une sensation de contrôle lorsqu’elle nous envahit.
La douleur physique fait partie du quotidien de nombreux d’entre nous. 92 % des Français ont souffert d’une douleur physique de courte durée ou persistante au cours de l’année passée.* Il ne s’agit pas forcément d’une seule et même douleur, mais plutôt d’une succession d’épisodes différents, en moyenne 4.
Elle est souvent perçue comme une agression sensorielle pour la personne qui en souffre. Pourtant, elle peut aussi être une précieuse alliée qui nous protège contre des blessures graves, par exemple lorsque nous retirons la main d’une surface brûlante. Dans ces moments-là, la douleur joue son rôle de sentinelle et de signal d’alarme, nous avertissant de cesser immédiatement ce qui pourrait aggraver la situation.
Cependant, dans d’autres circonstances, la douleur, notamment lorsqu’elle devient chronique, peut se transformer en un fardeau insupportable, envahissant le corps et l’esprit, et nous plongeant dans l’impuissance. De protectrice, elle devient alors tortionnaire, entravant nos mouvements, notre quotidien, notre bien-être et créant aussi une souffrance (et douleur) psychologique.
*Enquête menée en 2024 par l’Institut CSA
La douleur, comme une pizza : ses multiples couches
La douleur se définit comme une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à un dommage tissulaire réel, potentiel ou supposé. C’est une expérience subjective, perçue de manière différente par chacun de nous. L’expérience de la douleur est plurielle et se compose de plusieurs couches qui interagissent entre elles. 🍕 Imaginez votre douleur comme une pizza (un peu de réconfort après cette histoire gore de clou !). Voici la liste des ingrédients et sa composition :
▪️La pâte = les sensations physiques captés par nos sens lorsqu’on a mal : c’est la brûlure que vous ressentez quand vous posez la main sur un manche de casserole chaude et mal isolée, la piqûre d’une aiguille, ces douleurs menstruelles qui vous tordent le ventre, cet étau qui vous serre la tête ou cette horrible entorse qui vous fait boiter.
👉 Des sensations physiques d’une intensité et durée variable.
▪️La sauce tomate = les émotions qui accompagne la douleur : La douleur impacte notre état émotionnel. Lorsqu’on souffre, on peut ressentir une palette variée d’émotions : la peur que la douleur ne disparaisse jamais, la tristesse de ne plus pouvoir faire certaines choses, de la colère quand on se sent impuissant face à cette douleur ou lorsqu’une tierce personne la minimise.
▪️La garniture = les idées, les croyances, les pensées en lien avec cette douleur : Tout notre discours intérieur en lien avec cette douleur, le sens qu’on lui donne, les croyances que l’on entretient. Cela influence notre ressenti et aussi nos comportements en réaction.
▪️Le fromage = nos réactions et comportements quand on a mal : La grimace, les gémissements, les pleurs, une certaine position pour contenir la douleur, ou le choix d’éviter certaines activités ou situation. Notre corps et nos comportements traduisent la douleur plus ou moins consciemment.
👉 Dans la culture des Bariba, au nord du Bénin et du Nigeria, montrer que l’on a mal est perçu comme un signe de faiblesse et est honteux. La douleur, même très intense, doit être contenue, au point même que la langue ne dispose que de très peu de mots pour la décrire, car c’est un sentiment qu’il ne faut pas exprimer.
Ce qui fait monter la température sur l’échelle de la douleur
Reprenons notre histoire de clou. Le premier monsieur a vu le clou transpercer sa chaussure. À la vue du clou, son cerveau a activé l’alerte rouge et a en quelque sorte déclenché la douleur. Résultat : il souffrait terriblement, même si son pied était indemne.
L’autre ouvrier ? Il n’avait aucune idée qu’un clou était planté dans son visage. N’ayant rien remarqué, il n’avait anticipé aucune douleur : pas de panique, pas de signal de détresse, pas de pensées catastrophiques, peu de douleur.
Le ressenti de la douleur et la manière dont on va la vivre peut être influencée par plusieurs facteurs :
🔥 L’attente et l’anticipation : Les attentes et anticipation d’une personne, qu’elles soient positives ou négatives, peuvent influencer les sensations, comme le montrent ces deux histoires. La peur de la douleur à venir et son anticipation, par exemple avant une intervention médicale, peut rendre la douleur plus intense lorsqu’elle survient réellement.
🔥 L’attention que l’on y porte : Quand vous focalisez toute votre attention sur une douleur, elle devient beaucoup plus présente. C’est comme une loupe.
🔥 Les émotions : nos émotions affectent directement notre perception de la douleur. Quand on est anxieux, stressé ou épuisé, notre seuil de tolérance à la douleur baisse. C’est un peu comme si le cerveau était déjà en mode « alerte ».
🔥 Les pensées : Les pensées négatives peuvent amplifier la douleur. Par exemple, si une personne pense que sa douleur est insupportable ou qu’elle va empirer, cela peut réellement augmenter la sensation de souffrance.
Et si on hypnotisait la douleur ?
L’hypnose peut être comme une télécommande pour agir sur la douleur. Elle ne fait pas disparaître le clou, mais elle peut baisser le volume de l’alerte et du signal dans votre tête. Nous pouvons agir en hypnose sur nos ressentis, modifier nos perceptions notamment grâce à notre imagination. Voici quelques techniques que l’on peut utiliser :
• Changer le focus.
Votre esprit est invité à se concentrer sur une sensation agréable et positive ou une image apaisante. Résultat : la douleur perd de son intensité. C’est comme regarder un film tellement captivant que vous en oubliez votre mal de dos.
• Transformer la sensation
On peut transformer une sensation désagréable, par exemple une brûlure en quelque chose de plus doux : une chaleur confortable, un picotement agréable.
• Se dissocier la douleur.
Imaginez-vous observer votre corps ou la partie douloureuse de loin, comme si ce n’était pas le.la vôtre. C’est une manière de s’éloigner mentalement de la douleur pour qu’elle semble moins présente.
• Stopper les pensées négatives, faire circuler les émotions. L’hypnose peut aider à calmer cette petite voix intérieure qui accompagne la douleur, ainsi que les émotions associées.
L’hypnose est un moyen efficace de transformer l’expérience douloureuse, en agissant directement sur les perceptions sensorielles, émotionnelles et cognitives qui y sont liées.
Vous voulez expérimenter ?
Si vous voulez apprendre à transformer des ressentis douloureux et les apaiser, voici 2 propositions :
1️⃣ Écoutez l’audio d’hypnose sur mon site qui s’appelle « Apaisement physiques et Douleurs »
2️⃣ Expérimentez cette pratique d’auto hypnose pour modifier les perceptions de votre douleur
Étape 1 : Connectez-vous à vos ressentis
Fermez les yeux et identifiez où se trouve l’inconfort dans votre corps. Prenez un moment pour localiser précisément la sensation : est-elle dans votre ventre, votre tête, ou ailleurs ?
Étape 2 : Donnez une forme à cette perception
Posez-vous les questions suivantes pour matérialiser cet inconfort :
- Si cette sensation avait une forme ou était un objet, à quoi ressemblerait-elle ?
- Quelle est sa taille ? Sa couleur ? Sa texture ?
- Est-ce chaud ou froid ? Lourd ou léger ?
- Est-ce en mouvement ?
➡️ L’objectif est de rendre la sensation aussi concrète que possible pour pouvoir travailler dessus ensuite en modifier les perceptions.
Étape 3 : Transformez cette forme
Imaginez maintenant modifier les caractéristiques identifiées à l’étape précédente.
- Quelle couleur, texture ou taille la rendrait plus supportable ou agréable ?
- Pouvez-vous la rendre plus petite, plus légère, ou plus douce ?
Ensuite, vous allez modifier vos perceptions en modifiant les modalités de l’étape 2 en transformant par exemple la couleur, la forme, la texture, la taille. Pour cela, vous pouvez vous demander ce que vous aimeriez changer pour qu’elle soit plus agréable / tolérable.
–> Par exemple, si votre douleur ressemble à une boule de plomb noire, froide et lourde dans votre front, imaginez qu’elle se transforme en quelque chose de plus léger, comme un bout de coton tout blanc ou qu’elle diminue progressivement jusqu’à devenir imperceptible.
Laissez libre cours à votre imagination et vos ressentis pour créer cette transformation agréable.
👉 L’auto-hypnose, appliquée à la gestion de la douleur, est une pratique qui demande de l’entraînement. Plus on s’exerce, plus il devient facile de la réaliser et d’en ressentir les effets positifs.